Propos liminaires de la CFTC pour l’accueil de Marie Anne-Laure CATTELOT au Conseil d’Administration de l’ONF

Madame la Présidente,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil,

La CFTC tient tout d’abord à vous souhaiter la bienvenue, Madame la Présidente, à la tête du Conseil d’administration de l’Office national des forêts. Votre nomination intervient à un moment décisif pour notre établissement, à l’heure où les forêts françaises sont en première ligne des grands enjeux de notre époque : changement climatique, biodiversité, transition écologique, économie de proximité, souveraineté.

Votre engagement en faveur de la filière forêt-bois, connu et reconnu, s’est notamment illustré dans votre rapport parlementaire de 2020, « La forêt et la filière bois à la croisée des chemins : l’arbre des possibilités ». Ce travail a permis de remettre en lumière le rôle stratégique de la forêt dans les politiques publiques nationales, et la nécessité de repenser sa gouvernance, sa valorisation et sa protection.

Vous y appeliez à une politique forestière plus cohérente, à un pilotage renforcé de l’État, et à une reconnaissance claire de la mission de service public que remplit l’ONF au quotidien, au plus près des territoires. Vous insistiez aussi, à juste titre, sur l’importance de restaurer la confiance entre les acteurs, de renforcer les moyens humains, et de concilier durablement production et préservation.

La CFTC partage pleinement ces orientations.
Vous prenez vos fonctions à un moment où l’ONF, après plusieurs années de difficultés, affiche des résultats financiers positifs. Ce redressement, que la CFTC salue, ne doit cependant pas masquer la baisse continue des effectifs, qui touche l’ensemble des métiers de l’établissement.
Les ouvriers forestiers, indispensables à la sylviculture, à l’exploitation, aux plantations et à l’adaptation des forêts au changement climatique, sont particulièrement concernés. La CFTC a déjà alerté à plusieurs reprises, par courrier aux ministres et parlementaires, sur cette situation préoccupante, ainsi que sur la rareté croissante des entreprises de travaux forestiers, expérimentées et qualifiées (ETF), qui ne permet plus de pallier le manque de main-d’œuvre.
Mais les tensions pèsent aussi sur les personnels administratifs, dont les effectifs ont diminué de manière drastique, mettant en péril la qualité du soutien aux services opérationnels. Les techniciens forestiers, quant à eux, subissent une augmentation constante de leur charge de travail, liée notamment à l’élargissement des triages et aux nouvelles missions, sans moyens supplémentaires.

L’encadrement de l’ONF est également sous tension, qu’il s’agisse des personnels d’encadrement général comme des managers de proximité. Outre le management humain, le contexte forestier est en évolution rapide et contraint les managers à adapter constamment leurs référentiels techniques ce qui a pour conséquence d’augmenter considérablement leur charge de travail et la tension qui en résulte. Il est donc également primordial de soutenir leur action en conservant autant que possible une organisation stable et leur permettant d’exercer leurs missions dans un environnement le plus constructif possible.
Par ailleurs, il est important de rappeler que l’État a confié de nouvelles missions à l’ONF, en particulier dans le domaine de la Défense des Forêts contre les Incendies (DFCI), mission essentielle dans un contexte de dérèglement climatique. Or, ces responsabilités accrues ont été accompagnées de peu de moyens humains supplémentaires, ce qui accroît encore la pression sur les agents et les services.

Votre rapport formulait également une proposition forte et inspirante dans sa recommandation n°14 : « chaque élève français doit expérimenter la classe en forêt ». Cette ambition pédagogique, essentielle pour retisser le lien entre les jeunes générations et la nature, rejoint pleinement les valeurs que la CFTC défend au sein de l’ONF. Mais cette volonté se heurte à une réalité structurelle : l’Office ne dispose aujourd’hui que de quelques animateurs nature, aux effectifs très limités, pour couvrir l’ensemble du territoire national. Si l’on veut réellement donner corps à cette recommandation, il est indispensable de renforcer considérablement les équipes dédiées à l’éducation à l’environnement, et de faire de cette mission un axe structurant de la politique forestière publique.

En outre, la Cour des Compte a publié un rapport intitulé « L’Office National des Forêts et le défi de la transition écologique » en septembre 2024. Dans la troisième partie de ce rapport, la Cour des Comptes indique que les effectifs de l’ONF ont diminué de 12,3 % depuis 2013 met en exergue le fait que les moyens humains de l’établissement apparaissent désormais insuffisants pour répondre aux missions croissantes qui lui sont assignées.

Enfin, la CFTC souhaite attirer l’attention du Conseil sur les forêts des départements d’outre-mer, dont l’importance écologique, et économique est majeure. Votre rapport, dans sa dernière recommandation, appelle à « valoriser les caractéristiques exceptionnelles des outre-mer en protégeant les forêts et en construisant les outils économiques pour transformer le bois », précisant que chaque territoire d’outre-mer mérite un plan forêt-bois spécifique.
La CFTC partage cette vision. Elle considère qu’aucun développement forestier cohérent dans les outre-mer ne peut se faire sans un renforcement significatif des effectifs de l’ONF sur place. La réalité actuelle est celle de services souvent en sous-effectif, peinant à remplir leurs missions dans des contextes géographiques et sociaux très particuliers. Il est donc indispensable que chaque département d’outre-mer fasse l’objet d’un diagnostic de besoins humains adapté, et que des recrutements ciblés soient engagés pour garantir une présence territoriale effective et durable de l’Office. 

Madame la Présidente,
La CFTC souhaite sincèrement que votre mandat s’inscrive dans la continuité de vos engagements passés en faveur de la forêt et du service public. Nous espérons que vous saurez faire entendre la voix des personnels, rappeler la nécessité de moyens humains et financiers adaptés, et défendre une vision équilibrée, durable et ambitieuse de la forêt française.
Nous vous assurons de notre disponibilité pour travailler dans un esprit constructif, fidèle à nos valeurs syndicales : l’écoute, la justice sociale et le respect des femmes et des hommes qui font vivre, chaque jour, le service public forestier.
Nous vous souhaitons pleine réussite dans vos nouvelles fonctions.